On l’aura tous remarqué : il devient de plus en plus pénible d’assurer le quotidien et de prendre le temps de vivre. Assez paradoxalement, le pays des 35 heures vit dans le stress et la mauvaise ambiance. Pourquoi ?
D’abord il y a les élus. Ils ont renoncé à leur mission par facilité et confort. Ce que le philosophe québécois Alain Deneault explique ainsi dans une interview du journal le Point du 16 janvier 2016, en réponse à une question qui évoquait un système qui exige avant tout de « jouer le jeu » :
Cette expression désormais courante est elle-même assez représentative du problème puisque pauvre sémantiquement. Elle comporte deux fois le même mot sous deux formes différentes. Mais, sous ses dehors ludiques, inoffensifs et enfantins, son sens est bien plus grave. Le jeu serait d’abord un ensemble de règles non écrites et de procédures usuelles quoique informelles auxquelles on doit se prêter si on compte arriver à ses fins. Cela passe essentiellement par certains rituels qui ne sont pas obligatoires, mais marquent un rapport de loyauté à un corps, au réseau. Mais le revers de ces mondanités — soirées, déjeuners, ronds de jambe et renvois d’ascenseur — est violent. On tue symboliquement pour punir un manque d’allégeance au réseau, dans des contextes qui laissent aux plus forts une grande place à l’arbitraire. En fin de compte, cela génère, sans que l’on y prenne garde, des institutions et des organisations corrompues au sens fort, au sens où les représentants d’institutions perdent souvent de vue ce qui les fonde en propre, au profit d’enjeux qui n’ont rien à voir avec leur bien-fondé social et historique. Et la médiocratie gagne du terrain.
Tout est dit. Le système se corrompt lui-même. Les nouveaux élus y entrent pleins de bonnes idées et avec une volonté d’imposer le changement et très vite ils se retrouvent soumis au système de peur qu’il ne les broie… La place est bien confortable quand même, et pas seulement financièrement, elle apporte aussi la reconnaissance, les invitations, les prises de parole en public et les applaudissements. Une place si confortable que l’on oublie vite ses certitudes et ses promesses. Serait-ce alors qu’il faille se résigner et accepter cette idée affreuse qu’à défaut de mieux, on va se concentrer sur sa petite vie personnelle et oublier que ceux qui décident sont au mieux des agneaux dociles, au pire, des corrompus ?
Mais il a une autre mécanique. Si nos élus n’assument pas et se plient à une volonté qui s’impose à eux, quelle est cette volonté, cette force, cette mécanique ?
Qu’est-ce qui fait que nous sommes soudain rentrés dans une course effrénée au gain de performance, à l’amélioration de la productivité, etc. ? Qu’est-ce qui nous fait courir comme des malades et renoncer à nos rêves, à nos passions, pour boucler les fins de mois ? Qu’est-ce qui nous emmène à penser que tout doit se mesurer à l’aune de l’argent ? Pourquoi l’argent est-il devenu la seule préoccupation de ce monde de fou ?
La réponse tient dans un changement majeur survenu dans les années 1970… Avant, la vie était différente, l’argent était un moyen et non pas une fin. Et puis, dans les années 1970, le système monétaire mondial a changé. On va nous expliquer que , le fait que beaucoup d’hommes politiques (les femmes étaient très rares à l’époque) soient des banquiers ou de futurs banquiers ne serait que pure coïncidence… Ça s’est fait dans un langage technique pour rendre la chose confuse au commun des mortels, même les journalistes n’y ont rien vu. La démarche a été bien organisée et de façon tellement insidieuse que seuls les auteurs du méfait savaient les bénéfices qu’ils allaient engranger… « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! » écrivait Charles Baudelaire dans Le joueur généreux. Or, en supprimant l’adossement de la monnaie de référence (le dollar américain) à l’or, les États-Unis ont ouvert la porte au diable…
Le rêve d’un célèbre banquier s’est réalisé. Mayer Amshel Rothschild (1743-1812), le fondateur de la banque éponyme disait : « Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d’une nation, et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois. ». Son rêve s’est réalisé : 90 % de notre monnaie, celle dite scripturale, est créée par les banquiers privés (on comprend mieux pourquoi ils veulent nous enlever la monnaie et les billets qui restent, eux, l’apanage des banques centrales). Et le mécanisme qui a transformé nos vies en course poursuite tient dans deux subtilités essentielles :
Toute la masse monétaire en circulation ne provient que des emprunts. Ça paraît incroyable à dire comme ça, mais tout l’argent en circulation, n’est que la somme des crédits faits par les banques à leurs clients ou à elles-mêmes. Quand les banquiers vous font un crédit, la somme qu’ils créditent à votre compte ne vient pas d’un de leur coffre, d’une autre banque ou de la banque centrale, comme on cherche à nous le faire croire : la banque crée cette somme ex nihilo (de nulle part). Dès lors, si tout le monde remboursait ses crédits… il n’y aurait plus d’argent dans l’économie. Et pourtant, il faudrait encore rembourser aux banques les intérêts des fameux crédits qu’elles vous on consentit. Vous l’aurez compris, la course à laquelle nous nous livrons tous, c’est pour récupérer l’argent des intérêts qu’il nous faut payer pour rembourser nos prêts.
Ceux qui n’ont pas de crédit auprès d’une banque pourraient se dire qu’ils ne sont pas concernés… et bien si. Le système est très bien pensé trop bien pensé. N’avez-vous jamais entendu parler de la dette publique ? Ça ne s’invente pas, c’est un ancien directeur de la banque Rothschild (qui aura réussi à placer deux de ces ex-salariés à la présidence de la France… entre autres) qui a modifié, en 1973, les statuts de la Banque de France (qui frappait monnaie jusqu’alors…) pour lui interdire de prêter à l’état à taux zéro. C’est ce qui explique que la dette française commence cette année-là. Le système est pernicieux, car on s’imagine que c’est l’état qui vit au-dessus de ses moyens et par la dette on arrive donc :
- À privatiser le bien commun, comme les autoroutes, les barrages, ou la société de jeu qui rapporte tant…
- À mettre la pression sur les fonctionnaires qui gagnent trop et donc à faire baisser les salaires dans le privé, puisque c’est plus ou moins ce qui faire référence.
- À mettre de la rentabilité partout, même dans les hôpitaux, les soins aux personnes âgées, la sécurité, etc.
- À obliger des gouvernements à ouvrir leurs frontières pour faire affluer des masses de migrants dont la conséquence sera de faire baisser les salaires.
- À voter des lois qui permettent à des travailleurs détachés de pays déjà soumis à venir travailler chez nous pour trois fois rien.
- À durcir les lois pour imposer de plus en plus de contraintes qui nous obligent de plus en plus à passer par de grosses multinationales pour nous mettre en règle… etc.
Et qui peut racheter les bijoux de la famille ? Qui peut augmenter la rentabilité des sociétés en faisant baisser les salaires ? Qui encaisse les intérêts de la dette publique que nous payons par nos impôts chaque année ?
Vous l’aurez compris, c’est une caste de nantis, de très très riches qui tirent dans l’ombre les ficelles des marionnettes du monde qui nous gouvernent. Rassurez-vous, eux, n’ont pas de soucis de fin de mois.
Pourquoi commence-t-on a en entendre parler ? Parce que le système est mortifère et exponentiel. Il va en s’accélérant et nous arrivons à la fin du cycle, la phase où les écarts commencent à se voir. Les riches sont de plus en riche et les pauvres de plus en plus nombreux, la classe moyenne ayant tendance disparaître pour laisser la place à un monde scindé en deux catégories : quelques riches et une immense majorité de pauvres.
Voilà, triste réalité du monde dans lequel nous vivons. J’oubliais : de plus en plus de spécialistes pensent que le clash final sera pour très bientôt.
Mais pour l’heure, saluons le printemps, car, s’il est un combat que l’homme ne gagnera pas, c’est celui contre la nature. Elle sera encore là dans 100 000 ans. L’homme…, c’est moins sûr.