La démocratie directe est un système politique par lequel les citoyens d’un peuple peuvent participer à l’élaboration de la Loi de leur pays par différents outils : référendum, plébiscite, initiative populaire, pétition, destitution de mandataires, etc.. Quand cette implication est pour ainsi dire totale, on parle de démocratie directe. Seule la Suisse peut se targuer de ce type de démocratie dans le monde.

Notons que d’autres pays pratiquent les outils de la démocratie directe sans pour autant être une démocratie directe. Citons les pays du nord de l’Europe qui trustent les places des pays les plus démocratiques au monde selon l’indice de démocratie établi par The Economist Group

Cette invitation du peuple à la table de l’élaboration législative aura plusieurs conséquences positives :

  1. Les élus, aussi intelligents soient-ils, ne détiennent sans doute pas toute la vérité dans tous les domaines. Par contre, au sein du peuple, il peut y avoir des spécialistes ou des inspirés qui auront l’idée qui permettra à la société d’avancer. Dans une démocratie représentative, leur idée restera une idée de comptoir, dans la démocratie directe, ils peuvent en faire une initiative populaire et obliger le gouvernement à la prendre en compte ou à demander l’avis du peuple.
  2. Quand les élus votent une loi, ils peuvent le faire pour des raisons qui ne sont pas forcément en rapport avec l’intérêt général. Victimes du lobbying de grande entreprise, les élus peuvent prendre de mauvaises décisions. Il suffit de regarder la France pour en être convaincu… C’est pourquoi il est important que le peuple puisse s’opposer à une loi en réclamant un référendum. Chose impossible en France où seules les manifestations, si possible violentes et avec saccages, permettent de remettre une loi en question (souvenez-vous des Bonnets rouges qui ont démonté les portiques…). On notera qu’à l’inverse, ceux qui respectent la démocratie avec une pétition de plus de 100 000 signatures sont magistralement ignorés (Pétition « Alsace, retrouve ta voix ! »).
  3. Les élus, confrontés à cette double possibilité de voir leur loi contestée ou d’être « doublés » par une initiative populaire, sont beaucoup plus à l’écoute de leurs concitoyens et beaucoup plus proche d’eux, ce qui leur permet d’être aussi plus en phase avec le peuple.
  4. Quand un élu sait que ses administrés peuvent remettre son mandat en question, il devient très rigoureux dans la dépense de l’argent public et très transparent dans sa gestion. Allez comprendre pourquoi.

Comme toujours, vous trouverez des personnes pour vous expliquer que la démocratie directe est contre-productive. J’ai, par exemple, trouvé cet article non signé sur le site contrepoing.org. Il contient un amalgame assez misérable d’exemples d’expériences de démocratie directe qui ont échoué, en précisant, je cite : « Certes, des événements extérieurs y mirent fin, mais la manière dont elles s’étaient déroulées laisse peu de place au regret. » À aucun moment il ne précise en quoi la manière dont elles s’étaient déroulées laisse peu de place au regret, mais cette phrase permet de noyer l’essentiel : « des événements extérieurs y mirent fin ».

Il n’hésite pas à donner des chiffres totalement fantaisistes des taux de participation en Suisse. Ainsi, on peut lire : « Mais également en Suisse – l’exemple canonique de la démocratie semi-directe – la participation des citoyens aux consultations populaires est des plus réduites : de près de 70 % au début du 20e siècle, elle est tombée à moins de 30 % à la fin du siècle. »

Sauf que, là encore, les chiffres lui donnent complètement tort. Les chiffres ne sont jamais tombés à moins de 30 % (plus bas chiffre de 32,3 % en 1991), mais ils sont très largement supérieurs, même à la fin du siècle (43,7 % en 1998, 39,9 % en 1999). En 2015, la participation était de 42,8 % contre 52,4 % en 2014). La réalité est bien plus prosaïque : la participation dépend de l’importance de la proposition soumise au vote. Beaucoup de personnes préfèrent en effet ne pas se prononcer sur des sujets qui soit ne les concernent pas, soit qui dépassent leurs compétences.

Il n’hésite pas non plus à dire tout et son contraire en écrivant que la démocratie directe serait « un facteur d’étatisation et d’interventionnisme plutôt que de protection des droits et libertés. » en étayant son propos par une démonstration contraire (« Et même si, au final, l’écrasante majorité de ces propositions furent rejetées par la population suisse ») tout en reconnaissant que la démocratie représentative connait une « érosion grandissante des libertés (un) étouffement sous le poids de l’État ventripotent, (des) hommes politiques déconnectés de la population, (la) corruption généralisée du système, (la) désaffection des gens de la chose publique, etc. »

Quoi qu’il en soit, il suffit de regarder le résultat : les pays qui pratiquent la démocratie directe sont les pays riches où il fait bon vivre. Cela devrait suffire à la démonstration !

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