La question peut paraître surprenante au regard du résultat des dernières élections, dites régionales, mais elle vaut la peine d’être posée et réfléchie.
Définissons déjà ce qui fait la différence entre les trois mots à la mode en Alsace :
- Régionaliste : personne qui souhaite demeurer sous la houlette de l’État, mais avec plus de pouvoirs. Un régionaliste accepte que Paris prélève les impôts et reverse leur quote-part aux régions. On dit qu’ils sont pour une décentralisation plus forte.
- Autonomiste : personne qui souhaite prendre le contrôle de sa région et déléguer à l’État, ce que l’on appelle les fonctions régaliennes (armée, justice, politique étrangère, etc.). Un autonomiste souhaite que ce soit la région qui lève l’impôt et qui reverse à l’état les sommes nécessaires à l’accomplissement des missions qui lui sont confiées.
- Indépendantiste : personne qui pense que sa région a les capacités pour former un pays à part entière, aux côtés de celui qui l’occupait ou l’annexait avant son indépendance. S’agissant d’un pays à part entière, il se gère comme il l’entend, donc inutile de parler des impôts.
Regardons le résultat des dernières élections et analysons un peu la chose. Déjà, on se rend compte que les élections pour désigner les exploiteurs de cette grande chose qui regroupe trois régions sont en fait un double déni de démocratie :
- Elles se tiennent dans un pays en état d’urgence, encore sous le choc des attentats (providentiels pour le Parti socialiste ?)
- Le mode de scrutin de liste est un mode de scrutin qui vise à supprimer les petits partis politiques susceptibles de faire de l’ombre aux grands. Qui peut se permettre de présenter une liste de 189 noms, issus des dix départements, et de mettre sur la table un budget de communication pour une population de plus de 4 millions d’habitants (pour la chose sans nom qui nous concerne) ? Saluons la performance du parti Unser Land qui a décidé de se lancer dans ces conditions.
Ensuite, on remarque qu’Unser Land, en Alsace, qui représente de fait les trois catégories définies ci-dessus, réalise un score moyen d’environ 11 %, en baisse par rapport aux élections départementales où son score moyen était plus aux alentours des 16 %. Malgré cette baisse les forces alsaciennes d’Unser Land représentent la troisième force politique d’Alsace, devant le Parti socialiste qui a décidé, avec la complicité des Républicains, de rayer l’Alsace des cartes.
On en arrive donc à la question du titre. Est-ce que les forces régionalistes, autonomistes et indépendantistes sont majoritaires en Alsace ?
La réponse est clairement non, à l’heure actuelle, en terme de bulletins de vote, mais quand on discute avec les Alsaciennes et les Alsaciens, on se rend compte que derrière leur résilience, se cache une forte sympathie pour l’Alsace et beaucoup pensent qu’on serait bien mieux si nous étions un pays indépendant.
À nous de transformer cette sympathie en un mouvement de fond positif pour l’Alsace et notre cause.
Alsace et Moselle indépendantes, sans toucher aux régimes paticuliers acquis de longue date.